Au début de l’enquête publique, il n’y avait que relativement peu de participations et j’avais entrepris de publier la plupart des interventions (sous réserve de l’accord de leurs auteurs). Le 3 octobre, à la fin de l’enquête, elles sont devenues très nombreuses et ce n’est plus possible, la mobilisation a été forte ! Elles étaient toutes publiées sur le site de la CABBALR et nous pouvions les lire en téléchargeant le dossier qui se trouve sur la page :  https://www.bethunebruay.fr/fr/agenda/enquete-publique-relative-au-plui-du-sivom-de-lartois-sur-la-commune-de-richebourg . Malheureusement depuis lundi 6 octobre ce dossier est vide. Le lien reste néanmoins actif, il est vraisemblable que le rapport de Mme la Commissaire enquêtrice y sera inclus.

Je ne vais commenter ici que celles faites au nom du Collectif ou d’une Association et celle de Bertrand Helle où il développe un projet alternatif très intéressant, la création d’un Centre de Mémoire en lieu et place de la déchetterie.

Philippe Thomas, pour le Collectif

Le 15 septembre j’ai commenté et transmis à Madame la Commissaire enquêtrice  une première intervention (suivre le lien).
J’ai repris les documents du dossier d’enquête dans l’ordre où ils sont présentés pour répondre point par point.

En voici la conclusion :
Le dossier d’enquête est truffé de subterfuges, d’omissions, d’erreurs, pour ne pas dire de mensonges.
Il minimise tous les impacts sans aucune référence à des études sur le terrain.
Il prétend tantôt que cela ne concerne qu’une parcelle de 5190 m² et ailleurs qu’il s’agit d’un projet de 7427 m², sachant que la surface minimum pour une déchetterie est de 7000 m².
Il va jusqu’à produire une fausse évaluation du risque « remontée de nappe ».
Il prétend à « intérêt général » sur la base d’une recommandation de l’ADEME qui n’existe pas.
Par ailleurs, il montre que les promesses faites aux riverains au cours des premiers débats de l’été 2023 ne seront pas tenues. A aucun moment une attention est portée sur la dégradation de leurs conditions de vie et la dévaluation de leur patrimoine.
Le réseau de déchetteries existant, avec celle en projet à Cuinchy qui ne pose pas de tels problème, à moins de 7 km, et l’appui d’une déchetterie mobile deux fois par an, c’est-à-dire au rythme de la collecte des encombrants qui prévalait auparavant, serait tout à fait satisfaisant.
Je demande, au nom du Collectif « Non au projet de déchetterie à Richebourg » le retrait pur et simple de cette demande de modification du PLUi.

Le 3 octobre, à la suite d’éléments nouveaux, je suis intervenu une deuxième fois auprès de Madame la Commissaire enquêtrice : voir la deuxième intervention.
Le point le plus important en est une carte de la DREAL montrant une forte vulnérabilité des eaux souterraines au niveau des parcelles de la ferme Courcol.

Conclusion :
Sur le sujet de l’étude des sols, comme sur d’autres déjà mentionnés dans la première intervention, l’étude de la flore, de la faune, du bruit, de la circulation, aucune expertise n’a été faite, ce qui est vraiment inconcevable.
En ajoutant le problème de l’insécurité aux précédents arguments, je renouvelle la demande de retrait pur et simple de ce projet de modification du PLUi, au nom du Collectif « Non au projet de déchetterie à Richebourg »,

Clim'actifs des 100 communes

L’association est intervenue le 15/09 auprès de Mme la Commissaire enquêtrice avec le dossier suivant (suivre le lien) qui développe 8 points :

  1. Le projet est incompatible avec la valeur historique et mémorielle du site
  2. Le projet a un impact écologique non négligeable
  3. Le projet est une atteinte à la qualité de vie des riverains
  4. Le projet est en contradiction avec les objectifs environnementaux de la CABBALR
  5. Le réseau de déchèteries est déjà suffisant dans la zone
  6. Le projet est mal situé et du point de vue urbanistique incohérent
  7. Des alternatives non étudiées ou non rendues publiques
  8. Le projet fait l’objet d’une opposition citoyenne

Voici la conclusion

Ce projet est :
• Incompatible avec la mémoire historique et le patrimoine de la commune,
• Inadapté du point de vue environnemental, urbain et logistique,
• Contradictoire avec les engagements de la CABBALR en matière de réduction des déchets,
• Et injustifié techniquement au vu des seuls déchets en croissance (déchets verts).
• Inutile compte tenu des infrastructures déjà existantes.
Nous demandons le retrait pur et simple de cette modification du PLUi et l’ouverture d’une concertation approfondie sur des alternatives durables, consensuelles et respectueuses du territoire.

Royal Munster Fusiliers Association (RMFA)

La Royal Munster Fusiliers Association (RMFA) est « une organisation basée en Irlande qui se consacre à honorer la mémoire, l’histoire et les traditions des Royal Munster Fusiliers (RMF), un régiment irlandais qui faisait partie de l’armée britannique pendant la Première Guerre mondiale ». Elle est régulièrement représentée au cours des commémorations des événements de la 1ère Guerre mondiale et particulièrement devant le panneau de la dernière absolution des Munsters situé devant le site du projet de déchetterie (voir l’article de la Voix du Nord du 14/05/2025). Je note simplement que contrairement à ce que nous avait dit M le Maire au cours de la réunion du 10/09/2025, « la RMFA n’a aucune connaissance de ce qui est proposé pour son principal mémorial de la Première Guerre mondiale sur le front occidental ». Prévenue tardivement, l’Association ne se prononce pas sur le projet, elle demande une prolongation de la durée de l’enquête publique pour avoir tous les éléments pour juger.

Commonwealth War Graves Commission (CWGC)

La CWGC est l’organisation qui gère les cimetières militaires des soldats du Commonwealth et les Monuments comme le Mémorial du Touret situé à environ 400 à 500 m du site du projet de déchetterie.  Je note que par rapport à l’avis publié dans la Voix du Nord du 22/10/2023 le ton n’est plus aussi conciliant. La CWGC souhaite insister sur « des aspects d’hygiène et sécurité qui semblent totalement omis dans l’étude du projet « .
L’aspect sécurité est lié à la circulation sur la D171. « Nous craignons une hausse de la fréquentation de cet axe, notamment par des camions et des véhicules utilitaires avec la mise en service de la déchetterie […] Il s’agit d’une crainte réelle pour la sécurité de nos employés et visiteurs, la RD171 ne nous semble pas adaptée pour absorber un trafic routier aussi important. »
L’aspect hygiène est lié aux dépôts sauvages. « La déchetterie va malheureusement et inévitablement entraîner des incivilités […] Nous craignons notamment de voir des dépôts sauvages fréquents au niveau de la zone devant notre site et du silo de déchets, facilement accessible. »
La CWGC dit « ne pas s’opposer » au projet de déchetterie.  « Néanmoins nous attendons des engagements de la CABBALR face à nos inquiétudes en termes d’hygiène et sécurité et de respect des sites de mémoire.«  

Je remarque que ces deux points, l’augmentation de la circulation et sa dangerosité et les dépôts sauvages font partie des arguments de nombreux intervenants. Le caractère inévitable est mentionné par la CWGC, que peut la CABBALR face à l’inévitable ?

Bertrand Helle

Bertrand Helle pense que « plutôt qu’un projet de déchetterie, l’étude d’un projet alternatif tourné vers le tourisme de mémoire aurait dû être conduite. […]Une telle orientation s’inscrirait pleinement dans la cohérence territoriale et patrimoniale, en particulier au regard du classement au patrimoine mondial de l’UNESCO du Mémorial Indien et du cimetière Portugais, tous deux situés sur la rue du Bois à moins de 4 kilomètres du site concerné ». Lire son intervention 
Il conclut : « En conséquence, je demande que le projet de déchetterie sur ce site soit annulé, et qu’une réflexion soit engagée en faveur d’un projet respectueux de la mémoire de la Première Guerre mondiale et de la vocation touristique et culturelle du territoire. »

Mais Bertrand Helle ne se contente pas de formuler un voeu. Il accompagne sa demande d’un dossier très travaillé où nous découvrons avec enthousiasme le réel potentiel du lieu s’il devenait un Centre d’Accueil pour le Tourisme de Mémoire. Il expose la rénovation de la ferme Courcol, en prévoyant salles d’expositions, d’archives, de conférences, la création d’un parc du souvenir, et la reconstruction de la Chapelle ND de Séez. Il détaille aussi des circuits pédestres et cyclistes vers les nombreux sites mémoriels du secteur, l’aménagement nécessaire de la Rue du Bois pour la rendre compatible avec la sécurité des piétons et cyclistes. Le tout avec le chiffrage prévisionnel, les subventions à rechercher, les autorisations à obtenir, le planning et les retombées économiques attendues !
Bertrand Helle conclut : Ce projet transformerait la ferme Courcol et son environnement en un pôle structurant du tourisme de mémoire en Artois, reliant histoire, culture, mobilité douce et développement local.  A lire absolument, je remets le lien… C’est très convaincant.

J’ajoute que le tableau de Fortunino Matania représentant la dernière Bénédiction des Munsters est intitulé « rue du Bois », la rue elle-même pourrait être « mémorielle » et valorisée au lieu d’être un axe dangereux avec une grosse verrue, une déchetterie.